vendredi 2 mai 2014

Chronique détaillée 2 : La nuit des temps de Barjavel

Genre littéraire : Science-fiction adulte ;
Date fin de lecture :08/08/2013 ;
Note : Coup de cœur - 20/20


Résumé (quatrième de couverture) :
Dans le grand silence blanc de l’Antarctique, les membres d’une mission des Expéditions polaires françaises s’activent à prélever des carottes de glace. L’épaisseur de la banquise atteint plus de 1 000 mètres, les couches les plus profondes remontant à 900 000 ans… C’est alors que l’incroyable intervient : les appareils sondeurs enregistrent un signal provenant du niveau du sol. Il y a un émetteur sous la glace. La nouvelle éclate comme une bombe et les journaux du monde entier rivalisent de gros titres : "Une civilisation congelée", "La plus grande découverte de tous les temps", etc. Que vont découvrir les savants et les techniciens qui, venus du monde entier, forent la glace à la rencontre du mystère ? Reportage, épopée et chant d’amour passionné, La Nuit des temps est tout cela à la fois.
Mon avis :
Et voilà un nouveau énorme coup de cœur. Mon premier depuis Druide (mais, comme vous le verrez bientôt, pas mon dernier) mais mon second pour cet auteur (sachant que je n’ai lu que deux Barjavel, ça fait une bonne moyenne… ^^).
Mais trêve de bavardages et passons au livre car il y a, une fois encore, de quoi en dire !
Celui-ci n’étant pas mon premier Barjavel (le premier étant Le grand secret), je savais déjà, niveau stylistique, à quoi m’attendre et est été enchanté de constater que je ne m’étais pas trompé. La plume, bien que légèrement soutenue, est limpide et douce. Les descriptions sont tantôt imagés, tantôt annoncé crument (particulièrement lorsqu’il s’agit d’actes physiques ou de la description des corps – vivants mais nu je précise) et nous dévoilent un décor bien loin du féérique mais promettant pourtant milles merveilles et permettant de nous amener vers l’histoire de manière originale. Car alors que les descriptions sont souvent utilisées comme complément à l’intrigue ou l’histoire, elles ont au contraire ici une véritable place révélatrices et constructrices. Certains pourront toutefois trouver ce style de mise en place long ou légère ennuyeux car il est vrai que le tout prend un certain temps… Il est d’ailleurs à la limite du cruel et du sadisme de laisser ses lecteurs en attente de la Grande Révélation durant si longtemps. En effet, ce n’est qu’à un bon tiers du livre que l’on découvre enfin ce qui se cache sous les glaces et que les chercheurs que l’on suit au départ réalisent à quel point tout va bientôt changer pour eux et le reste du monde. Aussi, j’admire la capacité qu’à l’auteur de nous tenir en haleine au point de vouloir littéralement dévorer les pages pour enfin découvrir le secret du monde (car c’est bien de lui que l’on parle ici) et cela alors qu’à bien y réfléchir, il ne se passe pas grand-chose dans cette première partie et que, si les nombreux personnages que l’on rencontre sont attachants, aucun n’est véritablement exceptionnel. L’entrée dans l’action se fait donc assez lentement mais est très réussie (alors que l’on m’avait déjà raconté la fin et donc spoiler la révélation, j’ai rarement eu autant de découvrir un secret et tourner aussi frénétiquement des pages pour savoir la suite !) car ne nous laisse pas respirer en nous laissant sans cesse miroité la découverte qui semble inéluctablement nous échapper à chaque fois que l’on croit l’a touchée (à tel point que je n’ai d’abord pas cru qu’elle était enfin arrivée lorsque je l’ai lu). De plus, une fois enclenchée cette action ne semble plus retomber et cela jusqu’à la dernière page fatidique où l’on comprend finalement que la fin que l’on vient de lire est véritablement la fin ! Ainsi, il est également assez impressionnant de voir que rien dans notre volonté de savoir la suite ne retombe lorsque la révélation arrive enfin puisque, si l’on se sent réellement soulager, on continue toujours à vouloir en savoir plus et, si ce n’est plus le suspense qui nous transporte, on se laisse tout aussi bien bercer et mener par les merveilles découvertes qui prennent alors places puis par le sentiment d’impuissance face à l’inéluctable qui se présage au fil des pages…
De plus, le côté politique et engagé, aussi bien dans le message que la découverte fait passer que dans les choix des nations du monde suite à celle-ci, que l’auteur ajoute, est lui-aussi des plus agréables et apporte une touche supplémentaire au récit en lui apportant plus de profondeur. En effet, les réactions dépeintes semblent aussi plausibles que réalistes et je n’ai aucun mal à penser que les choses ne se passeraient pas très différemment si tout cela arrivait réellement (je vous laisse en revanche découvrir ces fameuses réactions). Une seule chose m’a néanmoins quelque peu dérangée : le choix de placer des « gentils » et des « méchants » ancestraux et reprenant l’image des conflits de la guerre froide (soit la vision politique de l’époque de l’auteur). Et j’avoue que même si je comprends le choix de l’auteur de ne pas faire une accusation directe qui n’aurait de toute manière rien apporté de plus à l’histoire puisque l’important n’était pas de savoir « qui était en cause » mais simplement « que quelqu’un l’était », j’aurais aimé savoir à qui était le sous-marin de la fin histoire de ne pas rester avec une question en suspend.
Au sujet des personnages, je ressens une nouvelle fois à quel point Barjavel creuse un fossé entre les personnages secondaires, qui semblent passer tel d’anonymes fantômes apportant leur pierre à l’édifice sans laisser de trace, et les personnages principaux qui eux restent sans cesse au devant de la scène en faisant tourner l’univers autour de leur simple personne. Il est également intéressant de constater que ceux que l’on pense d’abord être les protagonistes principaux incarnant notre monde se révèlent finalement n’être qu’assez secondaire lorsque l’on passe à un univers différent m’étant en scène de nouveaux héros et cale à tel point qu’ils semblent totalement disparaitre. Et ce jusqu’à la fin du récit où l’on revient finalement vers eux en même temps que l’on revient à l’univers leur étant propre (ceux qui on lu le livre comprendrons mieux ^^’). L’auteur choisit également de ne pas plus que nécessaire nous décrire ses personnages. En effet, héros comme secondaires, aucun n’a le droit à un physique ou une histoire personnel détaillé. Ainsi, chaque personnage devient un protagoniste de l’histoire globale tel une pièce d’un grand puzzle et non pas un individu à part entière. Bien sur cela pourrait devenir un défaut en nous présentant des personnages creux si l’auteur ne réussissait pas le tour de force de les intégrer à merveille à l’histoire et nous faire passer ce « manque » de détails comme une part de l’histoire. En effet, chaque personnage choisissant volontairement d’oublier d’où il vient et ce que cela implique (mode de vie, de penser, patries, etc.) afin de pleinement se concentrer dans la cause bien plus grande et noble de percer le secret des glaces puis de tout faire pour le protéger et l’offrir au monde, ne pas s’attarder sur des détails n’étant pas directement lié à l’aventure se déroulant devient bénéfique en renforçant l’effet voulu.
Je finirais par dire que ce roman m’aura donc arraché beaucoup d’émotions ainsi que quelques larmes (le troisième cette année après Druide et Le trône de fer – dont je dois toujours faire la chronique…) et qu’il a été des plus difficile de le refermer !
Note : Gros coup de cœur - 20/20

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